[Info mind Media] La hausse régulière des tarifs des quotidiens devient inexorable

Une très large partie des éditeurs de presse quotidienne nationale ont donc augmenté début janvier les tarifs de leurs éditions de la semaine vendues en kiosque, souvent de 20 centimes. mind Media l’a annoncé vendredi 23 décembre. Le Figaro, Les Echos et Le Monde coûtent ainsi 20 centimes plus cher, passant de 3,20 euros à 3,40 euros (+ 6 %). La Croix a acté une hausse identique, passant de 2,40 euros à 2,70 euros (+ 12,5 %)*, ainsi que Libération, dont le tarif passe de 2,50 euros à 2,70 euros (+ 8 % également). L’Humanité a augmenté son prix, jusque-là fixé à 2,50 euros, de 10 centimes. Comme L’Equipe, avec une progression en kiosque de 2,20 euros à 2,30 euros (+ 4,5 %). 

Janvier est souvent le mois à partir duquel une partie des quotidiens nationaux augmentent leurs tarifs. Cette année, l’augmentation est généralisée : sur les 9 quotidiens nationaux français contactés par mind Media, sept demandent un effort supplémentaire à leurs lecteurs. Ce n’est pas le cas de L’Opinion, dont le prix est inchangé depuis trois ans (2,80 euros), ni du Parisien, mais le titre avait déjà anticipé une hausse de 10 centimes en septembre dernier, pour atteindre 1,90 euro (+ 5,5 %). Autre grand titre de la presse nationale, l’hebdomadaire Le JDD n’a pas augmenté non plus son tarif (2,40 euros pour son édition classique).

La hausse du coût du papier fragilise un peu plus le secteur

Une partie des éditions du week-end, qui contiennent un ou plusieurs suppléments magazines, ont parfois vu leur prix progresser. C’est le cas notamment de L’Equipe et du Monde. Le premier a fait progressé ses deux éditions de fin de semaine de 10 centimes (à 3,30 euros et 4,60 euros) et le deuxième de 20 centimes (à 5,10 euros). Les Echos Week-end coûte également plus cher et atteint la barre symbolique des 6 euros.

Tout au long de 2022, de nombreux éditeurs de presse, notamment en presse locale et régionale, avaient déjà augmenté leurs tarifs : les titres du groupe Ebra, Le Télégramme, Ouest-France, etc.

Les éditeurs interrogés par mind Media mettent en avant la hausse sensible des coûts de fabrication et de distribution, qui rendent ces augmentations “inévitables”. C’est le cas en particulier des coûts liés à l’énergie et à l’achat de papier, dont le prix a été multiplié par plus de deux en 15 mois (plus ou moins de 400 euros la tonne à plus de 1 000 euros) qui va grever les bilans annuels de plusieurs millions d’euros, parfois entre 10 et 25 millions pour les très grands groupes médias dont la diffusion papier est très importante. 

Un financement à revoir

La tendance est cependant plus profonde et tient aux difficultés structurelles de la presse depuis 15 ans, auxquelles s’ajoutent les difficultés puis la liquidation de Presstalis pour une partie d’entre eux. Sur les cinq dernières années, la vente au numéro des grands titres de presse a ainsi baissé de moitié. Des tensions forte sur l’économie du secteur que le développement des activités numériques et les nouveaux revenus générés ne suffisent pas à compenser.

La hausse régulière des tarifs papier devient inéluctable et le journal papier devient un produit de luxe, pour une catégorie de population spécifique et de plus en plus réduite. Le prix en kiosque des quotidiens nationaux et régionaux a augmenté de 20 à 50 % ces cinq dernières années (Le Monde et Le Progrès de 30 %, L’Equipe, Ouest-France et Le Parisien de 45 %…). En dix ans, la presse nationale a vu ses tarifs s’envoler de 90 à 160 % : Le Parisien de 90 %, La Croix et L’Humanité de 100 %, et Le Figaro, Le Monde et Les Echos de 125 à 160 %. 

Les éditeurs ayant amorcé tôt leur transition numérique et/ou la diversification de leurs activités, ou ceux adossés à un groupe industriel, sont un peu plus protégés, mais la question du financement de l’information devient cruciale pour le secteur. Les “Etats Généraux du droit à l’information”, organisés sous l’égide du gouvernement et avec le secteur, qui doivent débuter mi-janvier – sauf nouveau report -, seront l’occasion d’explorer de nouvelles pistes de travail.

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Mise à jour du 01/01/2023 : La hausse du tarif de La Croix est bien de 30 centimes et non de 20 centimes comme mentionnée dans une première version de cet article.