Les versions numériques représentent seulement 18 % de la diffusion de la PQR

Année après année, le constat est identique : malgré leurs efforts, les titres de presse magazine et ceux de la presse locale et régionale éprouvent des difficultés à accélérer la transformation de leurs modèles vers le numérique. C’est l’un des principaux enseignements du bilan de la diffusion et de la fréquentation des titres et sites des éditeurs de presse sur l’année 2023, publié jeudi 15 février par l’ACPM.

Celui-ci indique que la presse quotidienne régionale française possède seulement 18 % de sa diffusion France payée sous forme de versions numériques. Rappelons que ce sont très majoritairement des abonnements payés par le lecteur aux contenus identiques à la version papier, mais avec un tarif minimal de 25 % du prix facial. S’y ajoutent parfois des ventes à l’unité. L’indicateur diffère donc de celui des “abonnés numériques” tels que les éditeurs d’informations en parlent habituellement – et nous également dans ces colonnes -, qui est beaucoup plus large et intègre notamment les périodes d’essai et parfois les souscriptions vendues par des tiers ou par des distributeurs partenaires. 

Un retard difficile à combler 

La proportion n’est guère plus élevée pour la presse magazine : 23 % de versions numériques, dont 11 % par tiers et 12 % individuelles. A l’opposé, 72 % de la presse quotidienne est diffusée en France en version numérique, dont 64 % sont individuelles et 8 % par tiers. 

L’enjeu est clé : la diffusion en ligne illustre la capacité des médias à développer des revenus élevés via le numérique, sans (trop) brader leur valeur. Ces familles de presse ont pris plus récemment le virage numérique que les quotidiens. Par ailleurs, la presse magazine peine à se différencier dans l’information en ligne, tandis que la presse locale et régionale a un cœur de cible généralement moins présent sur le numérique. 

Le constat peut inquiéter dans la mesure où les activités papier sont en baisse structurelle de 8 à 12 % chaque année ; une baisse que la progression des abonnements en ligne, qui ralentit, ne suffit souvent plus à compenser. Les éditeurs d’informations misent d’ailleurs beaucoup sur les activités de diversification et la vidéo pour trouver de nouvelles sources de revenus. 

Dans son ensemble, la presse française a été diffusée à 7,5 millions d’exemplaires par jour en moyenne tout au long de l’année 2023. Le premier canal de diffusion est toujours l’abonnement (papier et numérique) et le portage, avec 46 % de la diffusion France payée, suivi des versions numériques individuelles (24 %) et des ventes en kiosque (23 %), tandis que les ventes par tiers et les ventes différées (les invendus réintroduits et re-commerialisés dans les circuits de redistribution) représentent 7 % de la diffusion totale.