L’Obs mise sur une refonte pour se relancer après des pertes en 2023

La direction de l’Obs a présenté lors d’une conférence de presse mercredi 28 février un bilan de son activité en 2023 et ses projets. Après une amélioration les années précédentes, L’Obs a affiché des résultats économiques en retrait en 2023, avec 32,4 millions d’euros de revenus annuels (- 13 % en un an) et un résultat d’exploitation négatif de 2,4 millions (- 250 %). 

La direction évoque notamment la hausse du coût du papier pour l’expliquer. Elle revendique 20 000 abonnés numériques et vise la barre des 25 000 en 2025 (+ 25 %). Un objectif qui peut sembler modeste en volume, mais le chiffre stagne – il avait même très légèrement régressé en 2023 -, ce qui illustre les difficultés de beaucoup d’éditeurs d’informations à faire progresser désormais le nombre de leurs lecteurs payants en ligne.

C’est l’ensemble du modèle des newsmags qui est questionné. “Il n’y a pas d’urgence à retrouver l’équilibre, a assuré Louis Dreyfus, président du conseil de surveillance de L’Obs. Nous privilégions les investissements et la qualité des contenus”. Les newsmags représentent “un marché de l’offre ; il y a un espace pour une proposition éditoriale singulière. Il faut faire découvrir et redécouvrir nos contenus. Nous sommes optimistes sur notre capacité à augmenter l’audience et le lectorat”, a-t-il ajouté, citant en exemple “la réussite du modèle de Courrier International avec ses 67 000 abonnés en ligne”. 

Une baisse de la diffusion assumée

L’Obs a subi une baisse de sa diffusion d’environ 7,5 % en 2023 (190 000 exemplaires payants en moyenne), contre – 5 % pour l’Express, – 2 % pour Le Point (chiffres ACPM). Une diminution constante ces dernières années, que sa direction assume – tout comme la hausse de ses tarifs papier et numérique et la sortie du kiosque Cafeyn – afin de rompre avec les diffusions maintenues artificiellement par ses concurrents via les ventes par tiers, explique-t-elle. Elles peuvent parfois représenter 30 % de leur diffusion (16 % pour L’Obs).

Pour se différencier dans une famille de presse jugée trop “polarisée” et focalisée sur des sujets “négatifs et anxiogènes”, le titre veut accentuer son positionnement éditorial de gauche sociale démocrate, “progressiste”, axé sur “le dialogue et le débat”, et qui offre des “clés de réflexion”, selon sa directrice de la rédaction Cécile Prieur. Le titre va par ailleurs reprendre son nom historique, Le Nouvel Obs. “Le Nouvel Obs sera un life mag autant qu’un newsmag”, a indiqué sa directrice générale, Julie Joly. 

Celle-ci mise sur l’amélioration de la relation lecteur, plus personnalisée, et une large refonte de son offre en ligne, prévue le 21 mars, en même temps que celle de l’hebdomadaire. La refonte numérique a nécessité un investissement de 600 000 euros, dont la moitié financée par une subvention accordée par le FSDP. L’Obs compte également développer ses diversifications, considérées comme un complément aux ventes et à la publicité, via des conférences (écologie, parentalité) et des masterclass (géopolitique, idées, culture).