Comment Facebook News va fonctionner en France

Après les Etats-Unis, l’Australie, l’Allemagne et le Royaume-Uni, Meta a annoncé dans un communiqué le lancement de son dispositif Facebook News en France à partir du mardi 15 février. mind Media a pu s’entretenir avec des représentants de Meta pour détailler le dispositif. Celui-ci sera d’abord testé sur une fraction de ses utilisateurs avant d’être progressivement élargi d’ici mai à toute l’audience, soit 36 millions de visiteurs uniques quotidiens, selon Médiamétrie//NetRatings.

Facebook News prend la forme d’un onglet intégré au sein de la plateforme pour agréger les contenus provenant de médias d’actualités français. Ceux-ci sont ceux déjà présents dans son News Page Index, son programme de comptes certifiés appartenant aux médias réputés sûrs. Ce sont donc plusieurs centaines de sites d’actualités qui seront automatiquement indexés sur Facebook News en France.

Plusieurs dizaines de médias rémunérés

Certains éditeurs sont intégrés sans être rémunérés – ils pourront alors seulement s’appuyer sur une mise en avant supplémentaire de leurs contenus distribués sur la plateforme -, d’autres bénéficient en plus d’une rémunération. Au sein de ce dispositif, des accords commerciaux pluriannuels ont en effet été conclus avec une partie des éditeurs – plusieurs dizaines de groupes médias – pour mettre à disposition, contre rémunération, des contenus supplémentaires qui ne sont pas distribués ailleurs sur Facebook.

C’est le cas d’une centaine de sites médias membres de l’APIG après un accord en ce sens noué en octobre ; il s’agit notamment du Figaro, 20 Minutes, La Croix, Le Parisien, Les Echos, Le Journal du Dimanche, La Dépêche du Midi, Le Dauphiné Libéré, Le Télégramme, La Provence, La Voix du Nord, Nice-Matin et Sud Ouest.

D’autres accords ont été signés en direct, par exemple avec Prisma Media (pour Capital, Femme Actuelle, Gala, Voici, Geo…), Altice (BFMTV, RMC) et L’Equipe, L’Express et Libération. Des médias supplémentaires intégreront le dispositif prochainement. C’est le cas notamment des titres du groupe Le Monde et L’Obs, une fois leurs accords de droits voisins finalisés avec Meta. Au total, les engagements pris par Facebook portent sur plusieurs dizaines de millions d’euros sur trois ans.

Une curation par une filiale de l’AFP

Seuls le titre et la photo des articles sont indexés et renvoient, via un lien url, vers le site média d’origine. Le dispositif mettra en avant les contenus avec différentes entrées : par rubrique (économie, sciences et technologies, divertissement, santé, sport), par événement majeur dans l’actualité (par exemple les Jeux olympiques ou l’élection présidentielle) et de façon personnalisée (un algorithme individualisera les contenus reçus et l’utilisateur pourra choisir des thèmes et des médias favoris).

Une sélection d’articles sera également proposée et alimentée en continu toute la journée au sein d’une rubrique dédiée (“Les actualités à la Une”). Cette curation est externalisée auprès de Media Services, filiale de l’AFP spécialisée dans la production de contenus rédactionnels à des clients souhaitant bénéficier d’un service ou d’une offre adaptée ou sur-mesure. Meta assure que cette équipe de journalistes sera totalement indépendante dans le choix des articles mis en avant.

Un trafic supplémentaire, selon Meta

Meta assure qu’aux Etats-Unis, Facebook News, lancé en 2020, représente maintenant 30 % du trafic généré par Facebook pour les médias partenaires. Et 88 % des clics sur les articles indexés seraient effectués par des internautes qui ne consultaient pas les articles du média. Le trafic généré par Facebook News serait donc incrémental.

Facebook News s’inscrit dans le programme doté de 850 millions d’euros d’ici 2024 annoncé par le groupe en février 2021 pour aider au financement des médias d’actualités à l’échelle mondiale. Pour se conformer à la décision de l’Autorité de la concurrence de juillet 2021 sanctionnant Google, ces accords commerciaux sont contractuellement distincts des accords de droits voisins conclus ou négociés avec les éditeurs, nous indique Meta, même si des discussions avec certains éditeurs associent les deux aspects.

Avec ce dispositif, Meta annonce vouloir répondre aux attentes des internautes pour une meilleure visibilité de l’information de qualité sur Facebook et soutenir le développement des médias. Cela lui permet aussi de donner des gages au secteur et au pouvoir politique alors que les plateformes sont de plus en plus contestées en raison de leur position hégémonique et qu’un cadre réglementaire plus strict se dessine. Dans ce contexte, Google prépare le déploiement d’un dispositif similaire, Showcase.