années et des perspectives réduites avec l’âge. Se basant sur les données de 15 000 personnes âgées de 16 à 65 ans en provenance de 18 pays, les chercheurs ont montré que les anciens apprentis étaient plus menacés par le chômage en fin de carrière que les salariés ayant passé leur bac ou suivi des études supérieures. Un constat particulièrement vrai pour l’Allemagne, où le taux d’activité des hommes de plus de 55 ans s’élève à moins de 33 %, contre 75 % pour les personnes ayant suivi une forma
…Allemagne : des chercheurs mettent en garde contre les limites de la formation par alternance
Les deux faces de la formation par alternance. Le système d’apprentissage, qui allie pendant deux à trois ans une formation pratique en entreprise et une formation théorique dans une école professionnelle, fait partie des piliers du fameux « modèle allemand », tant prisé à l’étranger et en Allemagne. Mais une nouvelle étude réalisée par Ludger Wössmann, Professeur à l’Université Ludwig-Maximilian de Munich et chercheur à l’Institut de recherche économique Ifo, ainsi qu’Eric A. Hanushek de l’Université de Stanford, aux Etats-Unis, et Lei Zhang de l’Université de Tsinghua, en Chine, éclaire d’un jour nouveau ce type de formation. Selon M. Wössmann, le système de la formation par alternance a certes fait ses preuves en Allemagne (près d’un jeune sur deux suit une telle formation) mais il comporte deux facettes. Première face de la médaille : l’apprenti suit une formation très spécialisée, répondant aux besoins spécifiques d’une entreprise et obtient par ce biais, d’ordinaire, aisément un poste à l’issue de sa formation. Mais cette spécialisation – et c’est le revers de la médaille – peut se révéler, avec l’âge, préjudiciable. « Quand les compétences requises par les entreprises évoluent avec le temps, les connaissances très spécifiques acquises par l’apprenti risquent de ne plus être demandées sur le marché du travail », met en garde le Professeur Wössmann. Et de citer un exemple : avec les mutations accélérées des technologies et du monde du travail, des pans entiers de l’industrie sont délocalisés vers l’Europe de l’Est et l’Asie. En dépit d’une excellente formation, le métier de couturier n’est, par exemple, quasiment plus demandé en Allemagne, à l’inverse des mécatroniciens, très recherchés outre-Rhin. « Mais qui sait quelles seront les compétences requises par les entreprises dans 30 ans, quand les apprentis d’aujourd’hui auront à peine 50 ans ? », s’interroge le chercheur. Selon lui, l’étude qu’il a réalisée conjointement avec MM. A. Hanushek et Zhang vient confirmer l’existence de ce conflit entre des perspectives professionnelles améliorées dans les jeunes années et des perspectives réduites avec l’âge. Se basant sur les données de 15 000 personnes âgées de 16 à 65 ans en provenance de 18 pays, les chercheurs ont montré que les anciens apprentis étaient plus menacés par le chômage en fin de carrière que les salariés ayant passé leur bac ou suivi des études supérieures. Un constat particulièrement vrai pour l’Allemagne, où le taux d’activité des hommes de plus de 55 ans s’élève à moins de 33 %, contre 75 % pour les personnes ayant suivi une formation plus générale.
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