Accueil > Services bancaires > Open banking > Résultats financiers des BaaS : Treezor leader, Swan challenger Résultats financiers des BaaS : Treezor leader, Swan challenger mind Fintech a analysé les résultats financiers de Swan, Treezor, Xpollens et Okali pour l’année 2024. Les quatre plateformes de Banking-as-a-Service françaises affichent des produits net bancaires en hausse, mais seule Okali était rentable. Par Aude Fredouelle. Publié le 10 juillet 2025 à 6h00 - Mis à jour le 11 juillet 2025 à 16h19 Ressources Les plateformes de Banking-as-a-Service (BaaS) françaises ont toutes enregistré une hausse de leur produit net bancaire (PNB) en 2024, selon leurs comptes annuels consultés par mind Fintech, malgré un contexte de baisse des taux amorcé mi-2024. Dernière entrée sur le marché, Swan enregistre la plus forte augmentation, avec un PNB de 14,8 millions d’euros en 2024, en hausse de 155 % par rapport à 2023 (5,8 millions). Sa perte nette s’alourdit à 16,7 millions d’euros (10,5 millions d’euros l’année précédente). En janvier 2025, Swan a annoncé une extension de sa levée de fonds en Série B de 37 millions d’euros bouclée en 2023 : 42 millions d’euros de capitaux frais notamment apportés par Eight Roads Ventures. Les croissances d’Xpollens, Treezor et Okali ralentissent La plateforme du groupe BPCE, Xpollens, a quant à elle enregistré un produit net bancaire de 9,6 millions d’euros en 2024, contre 8,8 millions en 2023 (+10,6 %). “Les revenus financiers contribuent fortement au PNB, grâce à la hausse des taux et au niveau des encours cantonnés”, indique la société dans son rapport annuel. Les produits d’exploitation bancaires sont même en hausse de 92 %, bien que certaines charges opérationnelles (1,5 million d’euros) ont eu pour effet de réduire le PNB. En avril 2025, Xpollens a finalisé une augmentation de capital de 15,46 millions d’euros auprès de sa maison-mère. “Cette opération, soutenue par un apport en numéraire et la compensation d’une créance en compte courant, témoigne de la solidité financière de Xpollens et de la confiance renouvelée de ses actionnaires dans son modèle de croissance”, commente la société. Chez Société Générale, Treezor affiche un PNB de 28,5 millions d’euros en 2024, contre 24,7 millions en 2023, soit une hausse de 15,2 %, pour une perte nette de 10,3 millions d’euros (11,6 millions d’euros l’année précédente). La société, mise en vente par le groupe bancaire selon un article de La Lettre publié en mars 2025, présente un report à nouveau négatif de 59,5 millions d’euros. Dans un contexte de vente, Société Générale a baissé la valorisation de Treezor En 2024, le groupe Société Générale a procédé à une injection de capital de 15 millions d’euros dans Treezor, via une émission d’actions avec une prime de 14 euros par action. À la clôture de l’exercice, une autre augmentation de capital a été décidée, dont les modalités restaient à définir. L’année précédente, la société avait levé 10 millions d’euros avec une prime d’émission de 39,50 euros par action. En 2022, elle avait levé près de 23 millions d’euros avec une prime d’émission similaire. La valorisation de la société a donc été revue à la baisse. Potentiellement une façon pour le groupe Société Générale de préparer la société à la vente en créant un nouveau point de référence pour négocier la sortie. Enfin, au sein du groupe Crédit Agricole, Okali, issue du rachat de l’activité de BaaS de la Société financière du porte-monnaie électronique interbancaire (SFPMEI), affiche un PNB en hausse de 17,5 %, à 6,3 millions d’euros, et un résultat net positif d’un peu plus d’un million d’euros (contre 2,1 millions en 2023). “Ces résultats positifs, mesurés, reflètent bien notre capacité à mesurer les risques, commente Alison Alonso, directrice générale depuis fin 2024. Nous avons peu d’agents et n’avons pas vocation à faire de l’acquisition à tout prix. La baisse des taux initiée en 2023 nous impacte comme tous les acteurs qui ont des dépôts, d’où la baisse du résultat net. Nous avons aussi investi pour ouvrir notre succursale en Italie et y proposer un IBAN local, dans le cadre du développement de notre agent Blank [également filiale de La Fabrique by CA, start-up studio du Crédit Agricole, Ndlr].” Le Banking-as-a-Service est-il un modèle risqué ? Xpollens : un nouveau core banking et 11 nouveaux clients En 2024, “Xpollens a poursuivi son accélération commerciale avec la signature de 11 nouveaux clients”, indique la société dans son rapport annuel. Jacques-Olivier Schatz, CEO, précise à mind Fintech que la société n’a en parallèle pas subi de churn. “En 2024, nous avons aussi fourni la tech et les cartes pour tous les paiements dans les infrastructures des Jeux Olympiques, permettant aux personnes n’ayant pas de cartes Visa de payer avec des cartes virtuelles ou physiques”, ajoute le CEO. La société a traité 4 milliards d’euros de flux en 2024. En juillet 2025, la société compte 17 agents enregistrés auprès de l’ACPR, dont FDJ Services (qui passe par Xpollens pour sa néobanque Nirio, lancée en 2023), la plateforme d’open banking Bridge, les néobanques Be-bunk et Bling. Mais, rappelle Jacques-Olivier Schatz à mind Fintech, “tous nos clients ne sont pas des agents. Certains ouvrent un compte chez Xpollens et consomment nos API pour du virement instantané, des prélèvements…” C’est le cas par exemple du site de paris en ligne Betclic, qui utilise l’API Xpollens pour effectuer des virements depuis son compte (dans nos livres) vers ses clients. “Ils ne distribuent pas nos produits et n’ouvrent pas de comptes à leurs propres clients.” Bling renaît de ses cendres et lance sa néobanque Côté technique, la refonte du core banking system a été achevée et la nouvelle plateforme Xpollens a été mise en production en avril 2024, indique le rapport annuel. Ce core banking system “est basé sur des micro-services, alors que l’ancien était monolithique. Cela va nous permettre d’aller plus vite et d’être plus scalable, commente le CEO. Chaque équipe pourra travailler sans être trop dépendante des autres, et avec des niveaux de performance et de fiabilité bien supérieurs.” Parallèlement, le décommissionnement de la plateforme historique s’est poursuivi. “Nous avons donc besoin de moins de ressources dédiées et avons ajusté les équipes externes en fonction, poursuit Jacques-Olivier Schatz. En parallèle, nous avons renforcé les ressources sur des sujets comme la conformité et la gestion des risques”. Xpollens comptait 103 salariés en 2024. Okali : 2 agents enregistrés en 2024 La solution de BaaS Okali, reprise par La Fabrique by CA (groupe Crédit Agricole), a pour ambition de poursuivre à la fois une croissance interne au groupe et de recruter de nouveaux agents en ciblant des scale-up, comme nous l’expliquait en septembre 2023 la directrice générale Sabine Fillias (depuis remplacée par Alison Alonso). En externe, “nous cherchons des acteurs plus matures, qui ont commencé par une plateforme de BaaS complète, mais ne supportent plus leurs problèmes technologiques et leur manque de flexibilité et de modularité, ainsi que l’aspect “boîte noire” de la compliance, que les plateformes délèguent peu”. La société a en effet opté pour un positionnement singulier puisqu’elle ne propose que l’agrément, et non le core banking system, contrairement aux autres acteurs évoqués ici. Sabine Filias assurait avoir “des ambitions fortes” de croissance, passant notamment par la structuration d’une équipe commerciale. En interne, Okali dessert la néobanque pour les indépendants Blank, et se cache donc également derrière les volumes des offres en marque blanche de Blank pour le groupe – Propulse by CA et LCL Essentiel Pro. Comment La Fabrique by CA veut donner un nouveau souffle à Okali (ex-SFPMEI) Okali a signé en 2023 avec Helios, à la suite du désengagement de son ex-partenaire Solaris dans l’Hexagone. En 2024, elle a recruté deux autres nouveaux clients externes au groupe : Kresus, solution dédiée à la gestion du poste fournisseur sur le marché des entreprises, et Welcome Account, solution de paiement inclusive adressée aux nouveaux arrivants en France qui est “en cours de lancement”, selon Alison Alonso. En interne, Blank SpA, filiale de Blank et de Crédit Agricole Italie, a également été enregistrée en tant qu’agent lors du lancement de la néobanque dans le pays. Mais en parallèle, Okali, qui avait déjà perdu Lydia en raison de la migration de la néobanque vers son propre agrément, a vu son second plus gros client la quitter. Au cours du second semestre 2024, Spendesk a également migré l’activité exercée en tant qu’agent d’Okali vers son propre agrément. Comment Spendesk remonte la chaîne de valeur du paiement À fin 2024, Okali comptait 8 agents : Blank (également au sein du start-up studio La Fabrique by CA), Blank SpA, CashSentinel, Helios, Kresus, Limonetik, Unitup (ex-Unilend/pretUp) et Welcome Account. Elle continue aussi d’opérer pour le distributeur de monnaie électronique Kard, repris en octobre 2023 à la barre par un duo d’entrepreneurs. Fin 2024, Alison Alonso indiquait à mind Fintech miser sur 3 à 5 nouveaux agents en 2025. Aucun enregistrement n’a eu lieu au premier semestre mais “plusieurs sont en cours”, dévoile la directrice générale. Elle réitère la volonté de la société, qui compte 24 collaborateurs, de “croître de façon mesurée, et surtout pas au prix du risque” et de “servir à la fois le groupe et l’externe”. “En interne, nous avons des projets en commun avec d’autres entités. Par exemple, la verification of payee qui arrivera en octobre est un projet structurant chez nous et dans le groupe. L’enjeu est de mettre en place une stratégie cohérente pour tous.’’ Les acteurs du paiement se préparent à la généralisation de la Verification of Payee Treezor : développements en Italie En avril 2024, André Gardella, CEO de Treezor, exposant à mind Fintech la stratégie de développement de la plateforme, dessinait deux axes principaux : les acteurs corporates et l’international – Treezor disposant de succursales en Allemagne, en Italie et en Espagne. Treezor a par ailleurs annoncé en mars 2025 le lancement des IBAN locaux sur ses trois marchés étrangers. Sur les quatre agents enregistrés par la société en 2024, deux Français (l’acteur du rachat et du recouvrement de créances CF Gestion/CF-2C ainsi que Finnove, à l’origine de la néobanque halal Ferdaws) et deux Italiens (Solidus, qui permet d’investir dans l’or et de dépenser l’argent avec une carte Mastercard, et le cabinet de conseillers financiers Verum Partners). Au premier semestre 2025, un nouvel agent a été ajouté à la liste, de nouveau italien : Stantup, plateforme de gestion des fournisseurs d’énergie. Il porte à 34 le nombre d’agents de Treezor. C’est moins qu’en novembre 2024 (Treezor en comptait alors 40 et revendiquait par ailleurs au total 150 clients accompagnés depuis sa création). Parmi les agents perdus en 2024, Regate (racheté par Qonto, qui dispose de son propre agrément d’établissement de paiement et son core banking system), Finom, qui a obtenu son propre agrément d’établissement de monnaie électronique (EME) en 2021 et mis fin à son partenariat avec Treezor fin 2024, et OnlyOne, qui a fermé ses portes début 2025. La solution de gestion des dépenses pros Libeo, quant à elle, a migré chez Swan. Le spécialiste des titres-restaurant et avantages salariés Swile fait encore partie des agents de Treezor mais devrait, selon nos informations, basculer sur son propre agrément d’EME et sa plateforme propriétaire. La question se pose aussi de savoir si la néobanque Anytime quittera le giron de Treezor après son rachat par le Crédit Coopératif (groupe BPCE). Au total, Treezor assure compter plus de 50 agents ou distributeurs – comme chez Xpollens, certains clients ne sont en effet pas enregistrés en tant qu’agents. En novembre 2024, Treezor revendiquait plus de 80 milliards d’euros gérés depuis sa création et 5 millions de cartes émises. En juillet 2025, la société évoque 120 milliards d’euros de flux gérés depuis ses débuts (soit 40 milliards d’euros entre novembre et juillet, en huit mois) et plus de 7 millions de cartes émises (soit 2 millions sur la période). Swan : 140 distributeurs en novembre 2024 Seule plateforme de BaaS à ne pas opérer avec un statut d’agent et à préférer celui d’IOBSP (intermédiaires en opérations de banque et en service de paiement), plus léger, Swan revendiquait 140 distributeurs en novembre 2024 et en compte désormais plus de 150. La société est présente en France, Espagne, Pays-Bas et Allemagne et en Italie, avec des IBAN locaux. 40 % des nouveaux clients sont situés dans l’Hexagone et 60 % à l’étranger. En 2024, Swan a continué à s’enrichir sur le plan fonctionnel, notamment en se connectant à Wise Platform, la solution en marque blanche du spécialiste du transfert d’argent à l’international. Elle a aussi lancé les paiements par carte en ligne, les liens de paiement et les chèques (en France). En fin d’année, elle a renforcé son équipe dirigeante en nommant au poste de directeur général Camille Tyan, ex-CEO de Payplug. En janvier 2025, à l’occasion de sa Série B, Swan assurait traiter plus de 1,5 milliard d’euros de transactions par mois dans une trentaine de pays européens. Aujourd’hui, la société revendique gérer plus de 2 milliards d’euros de flux SEPA par mois. Elle prévoyait aussi le recrutement de 85 personnes et indiquait vouloir poursuivre son expansion européenne, en Belgique et au Royaume-Uni. La société compte aujourd’hui 300 collaborateurs (contre 240 en novembre 2023) dans ses bureaux à Paris, Amsterdam, Berlin, Barcelone et Milan. Désormais, Swan se prépare à “un moment clé” : la généralisation de la facture électronique dans toute l’Europe à partir de 2026. “Les logiciels métiers vont devenir des hubs financiers incontournables, et Swan leur permet d’intégrer comptes, cartes et paiements directement dans leurs produits pour que la facture soit émise, payée et rapprochée, au même endroit, sans friction”, avance Camille Tyan. Les acteurs étrangers chahutés Les acteurs français du BaaS ont été relativement épargnés par la concurrence étrangère. Le Britannique Railsr, qui a enchaîné les déconvenues puis a été racheté en catastrophe en mars 2023 par un consortium mené par la société d’investissement D Squared Capital, a uni ses forces en mai 2025 avec Equals, fournisseur de comptes multi-devise et de cartes professionnelles. Le nouveau groupe est majoritairement détenu par TowerBrook Capital Partners et J. C. Flowers & Co. Les deux entités continueront dans un premier temps à opérer sous leurs marques respectives, avec une direction bicéphale : Ian Strafford-Taylor côté Equals et Philippe Morel chez Railsr. Mais les deux structures vont rapprocher leurs opérations. En Allemagne, Solaris est de son côté dans le viseur de la BaFin depuis 2022 pour des manquements en matière de conformité. Le régulateur lui a imposé une amende de 6,5 millions d’euros en février 2024 et a menacé en juillet de réitérer. Lancée en France mi-2021, la société y a progressivement perdu tous ses clients. En restructuration depuis deux ans, et après avoir frôlé la liquidation fin 2024, la plateforme de Banking-as-a-Service allemande Solaris a bouclé en février une augmentation de capital de près de 81 millions d’euros.Le Britannique Modulr avait annoncé en juillet 2023 son lancement en Espagne et en France. Fin 2023, à la demande de la FCA, Modulr a dû cesser d’onboarder de nouveaux clients outre-Manche – un revers mettant un frein à son développement global. Les restrictions ont finalement été levées mi-2024. Mais les plateformes de BaaS doivent aussi compter sur la concurrence de spécialistes du paiement comme Adyen et Stripe, qui se positionnent sur le créneau de la finance embarquée. Aude Fredouelle banking-as-a-servicecore bankingfinance embarquéeindicateurrégulation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Swan complète sa Série B avec 42 millions d’euros Le Banking-as-a-Service est-il un modèle risqué ?