cé officiellement, et sans prévenir les négociateurs patronaux, qu’ils revendiquaient 5,5 % d’augmentation salariale et ressentaient comme une « plaisanterie » la proposition de 3,1 % des patrons, est donc pour le moins inhabituel. La convocation pour les jours à venir d’assemblées générales des salariés des 1500 entreprises du secteur, une procédure d’information et de consultation qui précède généralement le lancement d’un conflit social, l’est aussi : « Je suis personnellement surpris par ce
…Autriche : affrontement sans précédent dans les négociations collectives dans la métallurgie
Tradition brisée et potentiel d’agressivité. Vue d’ailleurs, la rupture de la traditionnelle liturgie des négociations collectives autrichienne pourrait apparaitre comme un évènement mineur. C’est pourtant une entaille majeure faite à la longue pratique du « partenariat social » autrichien, un partenariat non officiel entre patrons et syndicats, mais que l’on retrouve à tous les niveaux de la République alpine quand il s’agit de prendre une décision concernant le monde du travail. Cette culture du compromis a souvent été critiquée par les petits partis, de gauche comme de droite, comme étant une pratique antidémocratique et « castratrice », favorisant des arrangements peu transparents et bloquant une culture de débat. En même temps, elle a permis une gestion relativement équitable et stable des intérêts des partenaires sociaux et du monde du travail. La rupture observée en début de semaine n’est donc pas un événement secondaire en Autriche. Elle marque en fait la profonde colère qui règne chez les 170 000 salariés du secteur : « Les patrons feraient bien de ne pas ignorer la dynamique qui règne actuellement dans les entreprises », ont prévenu les deux négociateurs syndicaux Rainer Wimmer (Pro-Ge) et Karl Proyer (GPA) lors d’une conférence de presse surprise qui s’est tenue mercredi 5 octobre à Vienne. Jusqu’à cette semaine, les négociations d’automne dans la métallurgie s’étaient toujours déroulées de manière feutrée, sans qu’aucun chiffre ne soit officiellement mentionné (v. dépêche n°110515). D’habitude, deux rencontres sans résultat, suivies de quelques déclarations musclées de part et d’autre, débouchaient presque invariablement, à l’issue d’une troisième rencontre, sur un compromis avec lequel tout le monde pouvait vivre. La discrétion des partenaires sociaux était justifiée d’une part par la volonté de ne pas s’engager sur des revendications intenables et pouvant conduire à perdre la face, et d’autre part, par celle de désamorcer toute pression politique et médiatique préalable, susceptible de peser sur les négociations. Le fait que, mercredi dernier, les représentants syndicaux aient annoncé officiellement, et sans prévenir les négociateurs patronaux, qu’ils revendiquaient 5,5 % d’augmentation salariale et ressentaient comme une « plaisanterie » la proposition de 3,1 % des patrons, est donc pour le moins inhabituel. La convocation pour les jours à venir d’assemblées générales des salariés des 1500 entreprises du secteur, une procédure d’information et de consultation qui précède généralement le lancement d’un conflit social, l’est aussi : « Je suis personnellement surpris par cette manière d’agir et très affecté par le potentiel d’agressivité qui s’exprime », a commenté M. Christoph Hinteregger, négociateur patronal prévenu par voie de presse. Jamais une telle mobilisation n’a eu lieu dans la métallurgie entre le premier et le second tour des négociations qui est prévue pour le mercredi 12 octobre 2011.
Vous avez une information à nous partager ?
Ce que vous devez absolument lire cette semaine
Les contenus essentiels de la semaine sélectionnés par la rédaction.
Les articles les plus consultés du mois sur mind RH
Ce sur quoi les lecteurs cliquent le plus le mois dernier.
Ce sur quoi les lecteurs cliquent le plus le mois dernier.