Accueil > Médias & Audiovisuel > Google demande une clarification de la loi sur les droits voisins Google demande une clarification de la loi sur les droits voisins Le groupe a été une nouvelle fois sanctionné de 250 millions d'euros d'amende par l'Autorité de la concurrence. Par Jean-Michel De Marchi. Publié le 20 mars 2024 à 18h05 - Mis à jour le 21 mars 2024 à 15h27 Ressources L’Autorité de la concurrence (ADLC) a annoncé mercredi 20 mars avoir infligé une amende de 250 millions d’euros à l’encontre de Google. L’organe lui reproche ne pas avoir respecté son engagement de coopération avec le mandataire désigné pour ses relations avec les éditeurs et les agences afin d’appliquer la loi sur les droits voisins, et de ne pas avoir tenu quatre de ses sept engagements pris devant elle en juin 2022. Le groupe n’a pas respecté un délai de trois mois pour ouvrir des négociations, n’a pas communiqué ses données de bonne foi et n’a pas été transparent en utilisant sans l’annoncer les contenus de médias pour entraîner son modèle d’IA générative. Il a également continué de lier des accords de droits voisins à d’autres services (sa décision intégrale). Google avait déjà été sanctionné une première fois de 500 millions d’euros d’amende en 2021 au sujet des droits voisins. Interrogé sur cette nouvelle sanction lors de la conférence mind Media Day mercredi 20 mars, Pierre Louette, PDG du groupe Les Échos-Le Parisien, a souligné que ces sanctions étaient logiques et justes, mais regretté qu’elles “ne permettent pas de corriger l’impact financier subi par les médias”. Le critère IPG questionné Google a proposé des mesures correctives et a utilisé la procédure de transaction. Le groupe ne contestera pas juridiquement les pratiques sanctionnées par l’Autorité de la concurrence, mais a jugé dans un communiqué le montant de l’amende “disproportionné” eu égard aux reproches qui lui sont formulés. Google estime également être la plateforme la plus proactive pour appliquer les droits voisins. Le groupe assure avoir signé des accords de licence avec 280 éditeurs de presse en France, pour près de 450 publications, équivalents à “plusieurs dizaines de millions d’euros par an”. Cela représente plusieurs millions d’euros versés par an à certains éditeurs, nous indique Google. Le groupe souligne surtout le flou des règles d’application de la loi sur les droits voisins autour du statut IPG des éditeurs de presse que la loi prévoit de prendre en compte lors de la conclusion des accords. “A la demande de l’ADLC, Google est allé bien au-delà et a conclu des accords avec des éditeurs non certifiés IPG, tels que programme-tv.net, voici.fr, ou journaldesfemmes.fr, affirme le groupe. En conséquence, près de la moitié des 15 rémunérations les plus importantes sont versées à des publications non-IPG – qui ne contribuent pas à ‘l’information politique et générale'”. Google insiste sur la nécessité de clarifier la loi sur les droits voisins, en particulier les critères exacts pour déterminer les médias concernés, le cadre de négociation et la méthode de rémunération. Le groupe réclame donc désormais, comme le font certains éditeurs de presse depuis plusieurs années, une évolution législative. Une proposition de loi a été déposée en ce sens en janvier. IA générative : Google a utilisé les contenus des médias Dans sa décision, l’Autorité de la concurrence confirme ce qui était pressenti par le marché et les observateurs : Google – comme vraisemblablement les autres grands acteurs de l’IA générative – s’est appuyé sur les articles des médias en ligne pour entraîner et alimenter son service d’intelligence artificielle Bard, lancé en juillet 2023 et devenu ensuite Gemini : “L’Autorité a en particulier constaté que celui-ci avait utilisé aux fins d’entraînement de son modèle fondateur des contenus des éditeurs et agences de presse, sans avertir ces derniers ou l’Autorité. Par la suite, Google a lié l’utilisation par son service d’intelligence artificielle des contenus concernés à l’affichage des contenus protégés, en ne proposant pas de solution technique (opt-out, ndlr) permettant aux éditeurs et agences de presse de s’opposer à l’utilisation de leur contenu par Bard (désormais Gemini, ndlr), sans affecter l’affichage des contenus protégés au titre des droits voisins sur les autres services de Google et en obérant ainsi la capacité des éditeurs et agences de presse à négocier une rémunération.” Interrogé par mind Media sur cette pratique appliquée jusqu’en novembre 2023, Google se retranche derrière le flou juridique autour de la légalité de l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle générative au regard du droit voisin. L’ADLC considère à tout le moins que Google n’a pas respecté ici son engagement de négociation de bonne foi et de transparence dans ses relations avec les éditeurs et agences. Jean-Michel De Marchi ConcurrenceDroits voisinsFinancementGoogleLobbyingModèles économiquesplateformesPolitiqueRéglementationSites d'actualité Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Une proposition de loi pour préciser les droits voisins Analyses Dossiers IA générative : comment les rédactions françaises amorcent les premiers usages éditoriaux Analyses gratuit Le Monde fait cavalier seul en signant un accord avec OpenAI Dossiers Comment la PQR accélère sa transformation numérique Analyses Confidentiels [Info mind Media] IA générative : premiers accords technologiques entre Microsoft et des médias français Analyses Droit d’auteur et droits voisins : le CFC trouve un accord avec Meltwater Etats généraux de l’information : la Scam demande 35 % des droits voisins reversés aux journalistes Analyses Dossiers 20 exemples pour utiliser l’intelligence artificielle générative dans les médias Analyses Les six grands enjeux des médias et de la publicité en 2024 IA générative : DVP exerce son droit d'opposition pour les éditeurs de presse Comment vont se répartir les 67 millions d'euros versés par Google aux médias canadiens Analyses AI Act : pourquoi la question des droits d'auteur a empoisonné les négociations Analyses Confidentiels [Info mind Media] Droits voisins : échec de la médiation entre Le Figaro, Le Monde, Les Echos-Le Parisien et X, un procès s’ouvrira Droits voisins : l’APIG se rapproche un peu plus de la gestion collective et du DVP [Etude mind Media] IA générative : 10,4 % des principaux sites médias ont intégré le TDMRep Une première piste pour déterminer si un texte a été utilisé pour l'entraînement d’une IA générative ? 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