Le Monde investit 3 millions d’euros par an dans son site en anglais

Le Monde a mis en ligne jeudi 7 avril une version anglophone de son site, accessible sur lemonde.fr/en et via un lien placé en page d’accueil de son site en français. Cette nouvelle offre est ambitieuse : il ne proposera pas de contenus originaux, mais l”essentiel” de la production en français de la rédaction du titre (500 journalistes) est traduite et publiée, selon un communiqué du groupe, soit autour de 70 articles par jour.

Une équipe dédiée de huit journalistes a été constituée pour la sélection des articles à traduire, leur validation après leur traduction, et pour la gestion en continu de la page d’accueil du site.

Six de ces collaborateurs sont basés au sein de la rédaction à Paris, et deux au sein du bureau à Los Angeles, aux Etats-Unis. Le travail d’édition et de validation des articles est réalisé par des journalistes dont la langue maternelle est l’anglais, indique Le Monde. Au lancement, le site anglophone met particulièrement en avant les rubriques sur l’économie, l’élection présidentielle française, la culture et les articles d’opinion.

L’interface de paiement de Stripe

Une newsletter quotidienne en anglais accompagne le dispositif. La traduction des articles est réalisée par deux agences américaines spécialisées, ProofreadingServices.com et Lionbridge, à partir d’un travail humain et d’une solution d’intelligence artificielle.

Le coût de la traduction simple d’un article vers l’anglais est facturé par les agences spécialisées en fonction du nombre du mots et de la rapidité demandée pour la prestation. A titre d’exemple, pour un article de 1 000 mots (environ 6 000 signes, soit quatre feuillets), ProofreadingServices.com affiche sur son site un prix de 47 dollars par article rendu en 12 heures ou 60 dollars s’il est rendu en 6 heures. Sur cette base, on peut raisonnablement imaginer des tarifs dégressifs négociés en fonction du volume d’articles commandés.

La lecture intégrale des articles est, pour l’essentiel, accessible uniquement aux abonnés, mais le paywall ne s’affiche souvent qu’après 20 à 30 % du contenu laissé en accès libre.

L’accès aux articles est inclus dans les abonnements Intégrale (15 euros par mois), Famille (20 euros) et Papier + Numérique (25 euros) pour le site en français, et via une formule d’abonnement accessible à l’international. Les tarifs varieront alors en fonction des zones géographiques ; par exemple aux Etats-Unis à 2,75 dollars par mois (2,5 euros) lors de la première année, puis 16,49 dollars par mois (15 euros).

Pour la gestion des paiements sur les nouveaux marchés internationaux, Le Monde s’est associé à Stripe, entreprise qui commercialise une interface de paiement en ligne.

Le site est également monétisé par des publicités ; des campagnes pour Qualcomm et Moncler, notamment, s’affichaient jeudi 7 avril lors du lancement.

De fortes ambitions internationales

L’investissement pour cette version anglophone s’élève à trois millions d’euros par an, nous indique Louis Dreyfus, président du directoire du Monde. Comme nous le confiait Louis Dreyfus, l’objectif du journal, après avoir vu ses abonnés numériques s’accélérer en France ces deux dernières années, est de développer ses audiences et son volume d’abonnés en ligne à l’international. Le titre a débuté fin 2021 le déploiement de son offre sur le marché francophone africain, en partenariat avec Orange.

Il vise maintenant une cible anglophone, principalement aux Etats-Unis, Australie, Royaume-Uni et dans certains pays européens, des marchés où l’abonnement numérique est déjà mature et où il estime qu’un point de vue européen voire français de l’actualité peut trouver son public. Ces marchés représentent plusieurs centaines de millions de lecteurs potentiels.

Le Monde totalise actuellement plus de 420 000 abonnés en ligne, dont moins de 10 % à l’étranger. Il vise un million d’abonnés numériques en 2024 ou 2025, dont 25 % sur la version anglaise, selon Bloomberg.