Autriche : démarrage des négociations collectives dans le commerce

Les partenaires sociaux du commerce vont ouvrir le round de négociations collectives annuelles le 30 octobre prochain à Vienne. Comme dans la métallurgie en septembre, les revendications syndicales sont dominées par la crainte des effets de la nouvelle loi qui permet de relever le temps normal de travail à 12 heures par jour et 60 heures par semaine, sans négociation. Le syndicat concerné GPA-djp craint pour la santé de salariés qui sont majoritairement des femmes, ceci dans un secteur où les fêtes de fin d’année voient généralement l’explosion du temps de travail et des heures supplémentaires. La 6e semaine de vacances et la mise en place de dispositifs de retraite anticipée à temps partiel sont au menu des revendications. Un coup d’œil sur le secteur pilote de la métallurgie montre que les négociations risquent d’être tendues cette année. La crainte des 12 heures. Les partenaires sociaux du commerce autrichien, qui fait travailler 540 000 personnes dont 407 000 employés, vont ouvrir leurs négociations collectives annuelles le mardi 30 octobre à Vienne. Alors que les patrons ont annoncé vouloir se concentrer sur la question des salaires, le syndicat des employés du privé, le GPA-djp, souhaite que le prochain accord collectif puisse amortir les effets attendus de la nouvelle loi sur la flexibilisation du temps de travail. Celle-ci, entrée en vigueur au 1er septembre dernier, permet aux employeurs de relever les heures de travail de leurs salariés à hauteur d’un maximum de 12 heures par jour et 60 heures par semaine (v. dépêche n°10777). Dans le commerce, où les fêtes de fin d’année aboutissent à des pics de temps de travail importants, les représentants des salariés sont particulièrement inquiets pour la santé des salariés qui s’attendent à un net relèvement du temps de travail dans les mois qui viennent. « Une journée de 12 heures risque aussi de poser de gros problèmes de garde d’enfants pour les femmes, dans les nombreuses régions de l’Autriche où les jardins d’enfants ont des horaires réduits », a souligné Karl Dürtscher, secrétaire fédéral du GPA-djp. Celui-ci rappelle que près de deux-tiers des employés du commerce sont des femmes. Dans le commerce de détail, la proportion est encore plus élevée. Plus de temps libre. La revendication centrale du syndicat concerne l’accès à une 6e semaine de congés payés, une vieille revendication que les employeurs ont toujours bloquée. Actuellement, seuls les employés affichant plus de 25 ans de service dans la même entreprise se voient accorder d’office cette 6e semaine de vacances. Mais maintenant que les employeurs ont obtenu la loi tant attendue sur la flexibilisation du temps de travail, le GPA-DJP souhaite que cet avantage puisse bénéficier à un plus grand nombre et plus tôt. Un exemple avancé par le GPA-djp est l’offre des filiales de deux chaines de bricolage allemandes (Hornbach et Bauhaus) qui offrent un CDI avec un salaire de base de 1820 euros brut et l’accès à la 6e semaine de vacances dès la 2e année de présence dans l’entreprise. Parmi les autres revendications, le syndicat demande à ce que le temps de travail des 24 et 31 décembre soient réduit et que les heures soient mieux payées. Ils demandent enfin à ouvrir le débat sur la mise en place de modèles de retraite anticipée à temps partiel, un dispositif assez peu utilisé dans le commerce. Les partenaires sociaux se sont accordés sur quatre journées de négociations. Le taux d’inflation retenu pour le calcul des augmentations salariales est de 2,02 %. Comme souvent en Autriche, aucune revendication chiffrée officielle pour cette augmentation n’a été faite. Généralement, les partenaires sociaux du commerce s’orientent souvent sur les résultats obtenus dans le secteur de la métallurgie, et ce en dépit des différences structurelles et conjoncturelles des deux secteurs. Mais pour l’instant, les métallos autrichiens n’ont rien conclu et leurs négociations ont l’air mal parties. Ces derniers demandent des augmentations de 5 %. Mais les employeurs viennent de faire une offre officielle de seulement 2,02 % d’augmentation, soit un simple rattrapage de l’évolution des prix. Ceci ne laisse rien présager de bon. Les métallos se réuniront le 1er novembre pour décider de mesures de grève.
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Planet Labor, 29 octobre 2018, nº10872 – www.planetlabor.com

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