La section « mesures de prévention » du tribunal de Milan a nommé le 30 mai un administrateur judiciaire chargé de gérer Uber Italy Srl pendant un an, retenant que les conditions des livreurs à vélo relevaient du « caporalato », un délit pénal consistant à recruter abusivement de la main d’œuvre (directement ou à travers un intermédiaire) pour l’exploiter, et à profiter de la situation de faiblesse des travailleurs pour imposer des conditions abusives de travail et de rémunération. Une longue enquête a été menée en particulier pour déterminer les relations entre la filiale italienne d’Uber et l’intermédiaire milanais Flash Road City. L’enquête a établi que de nombreux riders étaient des demandeurs d’asile ou migrants provenant de zones en guerre, souvent logés dans des centres d’accueil, « prêts à tout pour avoir de l’argent pour survivre », selon les juges milanais. Il semble que la situation se soit aggravée pendant la pandémie, qui a provoqué une explosion des livraisons à domicile. Obligation d’accepter les livraisons en continu de 11h à 24h, paiement de 3 euros bruts par livraison, imposition du travail sur des tranches horaires précises, retenue du pourboire par l’intermédiaire, pénalisations financières en guise de punition pour n’avoir pas accepté toutes les livraisons… les témoignages font froid dans le dos. L’entreprise Flash Road City est également accusée d’intermédiation illicite de main d’oeuvre et d’exploitation du travail, tandis que les juges estiment que Uber a participé, à travers ses salariés, aux actions pour sanctionner les riders et conditionner leurs rotations de travail. La centrale syndicale Cgil a annoncé son intention de se porter partie civile au procès, pour mieux comprendre les mécanismes d’exploitation : « nous savons qu’il y a des rapports de travail qui ne sont pas directs entre la personne et la plateforme », explique Massimo Bonini, secrétaire général de la Camera del Lavoro de Milan, qui souligne le rôle des intermédiaires qui prennent un pourcentage sur la maigre rémunération et décident des punitions économiques. L’enquête a également porté à la mise en examen de Uber International Holding, dont le siège est en Hollande.
Italie : le tribunal de Milan place Uber Italy Srl sous administration judiciaire en raison des conditions de travail des riders de Uber Eats
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