Le salaire décent devient une responsabilité des grandes entreprises

Avec les annonces de Michelin en avril, le salaire décent s’est retrouvé sous le feu des projecteurs. La question va devenir un sujet de conformité, avec l’entrée en vigueur de la CSRD dès 2025, qui le liste parmi les données à renseigner annuellement par les entreprises, à la fois concernant le personnel mais aussi la chaîne de valeur. Si plusieurs sociétés l’ont adopté, il est encore loin d’être généralisé, du fait de l’absence de définition commune et des efforts que demande sa mise en place.

Par Antoine Piel. Publié le 12 décembre 2024 à 17h00 - Mis à jour le 16 décembre 2024 à 10h18

Les points clés

  • Un salaire décent de plus en plus mis en place dans les grandes entreprises, par engagement, par une volonté d’attractivité, par des nouveautés réglementaires, bien qu’indirectes, et par pression d’investisseurs et d’ONG.
  • Une généralisation encore freinée par l’absence de méthodologie commune et par la complexité des processus de mise en place.
  • Une mesure qui commence à être étendue aux fournisseurs, notamment par le biais du dialogue social international.

Le rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les rémunérations, publié le 28 novembre 2024, montre que les inégalités salariales restent très élevées à l’échelle mondiale, même si elles diminuent. En 2021, elles étaient toujours très marquées dans les pays les plus pauvres et le pouvoir d’achat d’un travailleur rémunéré au salaire médian atteignait seulement 6 % de celui d’un travailleur dans la même situation des pays les plus riches. Les grandes entreprises multinationales, présentes dans ces deux types d’économies, ont un rôle particulier à jouer face à ces situations. 

Le Pacte mondial des Nations unies, programme de l’ONU rassemblant de nombreuses entreprises, a fait du salaire décent l’une de ses priorités. Elle le définit comme la rémunération permettant à un travailleur de subvenir à ses besoins essentiels (logement, eau, énergie, alimentation, éducation, santé et prévoyance) mais aussi ceux de sa famille. “Dans plusieurs pays, le salaire minimum ne permet pas forcément de vivre décemment, ce qui pose la question de la responsabilité de l’employeur. […] Les entreprises ont une responsabilité pour que le corps social de l’entreprise puisse vivre décemment”, expliquait à mind RH son délégué général Nils Pedersen dans une interview en septembre. 

Un engagement volontaire pour quelques entreprises

La question des inégalités et la volonté d’engagement social sont mises en avant par les entreprises qui l’ont déjà mis en place. L’Oréal a lancé le processus en 2020 : “Selon les statistiques, la pauvreté a augmenté avec la pandémie et un travailleur sur cinq est en dessous du seuil de pauvreté. Or le salaire décent peut contribuer à remédier à cette situation et de répondre à plusieurs problématiques de droits humains, comme la lutte contre le travail des enfants et le travail forcé”, plaide Julie Vallat, chargée des droits humains au sein de la direction sustainability. L’entreprise, comptant près de 100 000 salariés dans plus de 150 pays, a intégré le salaire décent à son programme Share & Care, qui intègre plusieurs engagements, comme le socle mondial de protection sociale. “On ne peut pas imaginer l’entreprise comme un facteur de progrès si elle n’est pas un facteur de progrès social.…

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